Chondrocalcinose articulaire : symptômes, diagnostic et traitements de cette pathologie microcristalline

La chondrocalcinose articulaire représente une pathologie rhumatismale caractérisée par le dépôt de cristaux de pyrophosphate de calcium dans les cartilages articulaires. Cette affection microcristalline touche principalement les personnes âgées, mais peut également survenir dans le cadre de formes familiales ou secondaires à diverses pathologies. Reconnaître ses manifestations cliniques et radiologiques permet un diagnostic précis et une prise en charge adaptée.

Qu’est-ce que la chondrocalcinose articulaire ?

La chondrocalcinose articulaire est une arthropathie microcristalline caractérisée par la formation de dépôts calciques, principalement de pyrophosphate de calcium dihydraté (PPD), dans les cartilages et autres structures articulaires. Ces dépôts cristallins se forment progressivement au sein du tissu cartilagineux et peuvent provoquer des réactions inflammatoires aiguës ou chroniques.

Cette pathologie se présente sous plusieurs formes cliniques :

  • Forme primitive (idiopathique) – la plus fréquente, touchant principalement les personnes âgées
  • Forme familiale – plus rare, à transmission autosomique dominante
  • Formes secondaires – associées à diverses maladies métaboliques ou endocriniennes

Les articulations les plus fréquemment touchées sont les genoux, les poignets, la symphyse pubienne et les articulations du carpe. La prévalence de la chondrocalcinose augmente significativement avec l’âge, atteignant jusqu’à 30% des personnes de plus de 80 ans dans certaines études épidémiologiques.

Plusieurs facteurs favorisent la formation des cristaux de pyrophosphate de calcium :

Facteurs Mécanismes impliqués
Âge avancé Dégradation du cartilage et modification du métabolisme phosphocalcique
Facteurs génétiques Mutations des gènes ANKH, TNFRSF11B ou CCAL1/CCAL2
Troubles métaboliques Hyperparathyroïdie, hémochromatose, hypomagnésémie
Traumatismes articulaires Altération de la structure cartilagineuse

Symptômes et manifestations cliniques de la chondrocalcinose

La chondrocalcinose articulaire peut se manifester sous différentes formes cliniques, allant de l’absence totale de symptômes à des crises inflammatoires aiguës particulièrement douloureuses. L’expression symptomatique varie considérablement d’un patient à l’autre et évolue généralement par poussées entrecoupées de périodes d’accalmie.

Les principales manifestations cliniques incluent :

1. La forme pseudo-goutteuse aiguë : Elle représente la manifestation la plus caractéristique, se traduisant par une crise inflammatoire articulaire brutale. Cette forme mime la goutte, d’où son appellation. Les patients présentent une articulation rouge, chaude, gonflée et extrêmement douloureuse. Le genou constitue l’articulation la plus fréquemment touchée, suivi du poignet. La crise dure généralement quelques jours à quelques semaines.

2. La forme pseudo-arthrosique chronique : Elle se caractérise par des douleurs articulaires persistantes, évoluant sur un mode mécanique avec raideur matinale brève. L’examen clinique révèle souvent des craquements articulaires et une limitation des amplitudes de mouvement. Cette forme peut simuler une arthrose conventionnelle, mais sa distribution articulaire et sa progression sont souvent atypiques.

3. La forme pseudo-polyarthrite rhumatoïde : Plus rare, cette présentation associe des polyarthralgies symétriques touchant les petites et grandes articulations, avec raideur matinale prolongée et parfois gonflement articulaire. Cette forme peut être confondue avec la polyarthrite rhumatoïde, notamment chez les sujets âgés.

Les manifestations extra-articulaires sont peu fréquentes dans la chondrocalcinose, contrairement à d’autres rhumatismes inflammatoires. D’un autre côté, des calcifications des disques intervertébraux, des ligaments ou des tendons peuvent parfois être observées, notamment dans les formes familiales ou associées à des troubles métaboliques.

Chondrocalcinose articulaire : symptômes, diagnostic et traitements de cette pathologie microcristalline

Diagnostic et examens complémentaires pour la chondrocalcinose

Le diagnostic de la chondrocalcinose articulaire repose sur la combinaison d’éléments cliniques, biologiques et d’imagerie. La mise en évidence des cristaux de pyrophosphate de calcium représente le gold standard pour confirmer ce diagnostic.

L’examen fondamental est l’analyse du liquide synovial prélevé lors d’une arthrocentèse. L’observation au microscope à lumière polarisée permet d’identifier les cristaux caractéristiques de pyrophosphate de calcium, qui apparaissent sous forme de bâtonnets ou de parallélépipèdes faiblement biréfringents positifs. Cette analyse constitue l’élément déterminant pour différencier la chondrocalcinose d’autres arthropathies microcristallines comme la goutte.

Les examens radiologiques standard jouent également un rôle essentiel dans le diagnostic. Ils montrent des calcifications linéaires ou ponctuées dans les cartilages articulaires, particulièrement visibles au niveau :

  1. Des ménisques du genou
  2. Du fibrocartilage triangulaire du poignet
  3. De la symphyse pubienne
  4. Des disques intervertébraux
  5. Du cartilage hyalin des articulations métacarpo-phalangiennes

D’autres examens complémentaires peuvent être nécessaires pour identifier d’éventuelles causes secondaires de chondrocalcinose :

Le bilan biologique comprend généralement une numération formule sanguine, un dosage de la calcémie, de la phosphorémie, de la magnésémie, des phosphatases alcalines, de la ferritinémie et un bilan thyroïdien. Ces examens permettent d’écarter ou de confirmer des pathologies associées comme l’hyperparathyroïdie ou l’hémochromatose.

L’échographie articulaire et l’IRM peuvent compléter le bilan, notamment pour évaluer l’étendue des lésions cartilagineuses et rechercher d’éventuelles complications comme des ruptures tendineuses ou ligamentaires.

Traitements et prise en charge de la chondrocalcinose

La prise en charge thérapeutique de la chondrocalcinose articulaire vise principalement à soulager les symptômes et à limiter l’inflammation, car aucun traitement ne permet actuellement d’éliminer les dépôts cristallins déjà formés. Les stratégies thérapeutiques varient selon la forme clinique et la sévérité des manifestations.

Lors des crises aiguës pseudo-goutteuses, le traitement repose sur :

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) constituent le traitement de première intention. Ils permettent généralement un soulagement rapide des douleurs et de l’inflammation. Leur utilisation doit tenir compte des comorbidités du patient, notamment rénales et gastro-intestinales.

La colchicine, bien que moins efficace que dans la goutte, peut être utilisée en alternative aux AINS ou en association. Son action anti-inflammatoire spécifique sur les microcristaux en fait un traitement de choix, particulièrement chez les patients présentant des contre-indications aux AINS.

Les corticoïdes, administrés par voie locale (infiltration intra-articulaire) ou générale, représentent une option thérapeutique efficace, notamment chez les patients âgés ou présentant des comorbidités limitant l’usage des AINS ou de la colchicine.

Pour les formes chroniques pseudo-arthrosiques, la prise en charge comprend :

Des traitements symptomatiques comme les antalgiques simples (paracétamol) ou les AINS à la demande lors des poussées douloureuses. La kinésithérapie et la réadaptation fonctionnelle jouent un rôle essentiel dans le maintien de la mobilité articulaire et la prévention des déformations.

Dans les cas sévères avec destruction articulaire avancée, le recours à la chirurgie (arthroplastie) peut être envisagé, suivant les mêmes indications que pour l’arthrose conventionnelle.

Contrairement à la goutte, aucun traitement de fond n’a démontré son efficacité pour prévenir la formation des cristaux de pyrophosphate de calcium ou favoriser leur dissolution. La prise en charge des maladies associées (hyperparathyroïdie, hémochromatose) peut néanmoins contribuer à limiter la progression de la chondrocalcinose dans les formes secondaires.